Il se sera écoulé près de 11 mois entre l’achat de Kribi et sa mise à l’eau, la faute à un safran peu coopératif. Retour sur cet évènement chargé d’émotion.
Le jour J
Initialement j’espérais mettre le bateau à l’eau avant l’été 2022 mais cette vision optimiste a été balayée par les aléas de la rénovation du safran. D’abord décalée à août, puis septembre, la mise à l’eau est finalement fixée au 1er octobre. C’est vraiment limite car la saison de voile est quasiment terminée et à Plobsheim, tous les bateaux doivent être sortis de l’eau au 1er décembre, ce qui me laissait deux mois pour naviguer.
Le jour J, il fait plutôt frisquet et c’est accompagné de mon frère Eric et de mon fils aîné de 9 ans, Xavier, que je retrouve Ben, un moniteur de mon club qui a gentiment accepté de superviser l’opération. Son aide sera loin d’être superflue : non seulement j’ai besoin de son véhicule pour déplacer le bateau, mais je ne sais pas non plus comment le mater et encore moins comment manipuler le treuil de mise à l’eau de la base.
Remorquage du bateau
Nous commençons par fixer la remorque à la voiture de Ben. C’est vite expédié, tellement vite que je n’ai pas compris toutes la manipulations ! Faudra qu’on me réexplique ça à tête reposée si je veux être autonome les prochaines fois.
Ensuite la voiture s’élance pour un parcours de 150m jusqu’à la cale de mise à l’eau. Quelle émotion ! Lors de mes nombreuses visites pour le nettoyage ou les travaux, j’ai toujours vu le bateau au même endroit, là même ou je l’avais acheté, j’en avais preque oublié qu’il pouvait bouger ! C’est aussi super impressionnant de voir le gabarit de la bête en mouvement !
Nous faisons une halte au local du club pour regonfler les pneus de la remorque qui en ont bien besoin.
Ensuite, Ben positionne la remorque près de la grue de la base.
Matage du bateau
Nous libérons le mât et fixons les bas haubans ainsi que l’étai. Ensuite Ben fait un noeud de chaise avec un bout au niveau de la flèche de mât et attache le bout au câble de la grue.
Mon frère actionne les boutons de la grue pour soulever progressivement le mât, et nous nous assurons qu’il n’y a pas de noeud ou d’élément qui bloquerait la manoeuvre.
Sur ses indications de Ben, je glisse le pied de mât dans son support.
Il ne reste plus qu’à faire redescendre le câble de la grue et à retirer le bout.
Nous fixons les haubans et réglons la tension des ridoirs et le tour est joué.
Mise à l’eau
Je fais une vérification des passe-coque de Kribi pour m’assurer qu’ils sont bien fermés et je mets en place des pare-battages pour protéger le bord du bateau qui sera en contact avec le quai. Je prépare aussi des aussières pour pouvoir retenir le bateau une fois que celui-ci flottera sur l’eau.
J’ai la désagréable impression d’aller trop vite et d’oublier quelque chose d’essentiel, c’est l’angoisse de se lancer à l’eau (au sens propre) j’imagine.
La remorque est positionnée en haut de la pente de la cale et nous bloquons les roues avec des cales. Ben détache la remorque de sa voiture qu’il va garer plus loin. Le fiston est promu opérateur de treuil et appuie sur le bouton qui permet de dérouler le câble. Mon frère et Ben tirent le câble du treuil et le passent dans une énorme poulie reliée à une chaîne par une non moins énorme manille puis ils fixent le câble à la remorque.
Tout est prêt. Nous enlevons les cales qui bloquent les roues de la remorque et Ben actionne le treuil pour laisser filer le câble. La remorque se met en mouvement et descend lentement la pente. Nous nous assurons qu’elle reste bien dans l’axe et oublions au passage de retirer les feux arrière qui prennent le bouillon. Pas grave, vu leur état ce n’est visiblement pas la première fois.
Il faut complètement immerger la remorque sous plus de 1m d’eau pour qu’enfin Kribi soit à flot. J’en ai des frissons, j’ai tant attendu ce moment. Nous retenons le bateau à l’aide des aussières tandis que Ben remonte la remorque.
Direction le corps mort
Nous prenons place à bord tandis que Ben va chercher le semi-rigide du club avec lequel il s’approche de Kribi. Je lui lance une aussière et il nous tracte doucement vers le corps mort qui m’est attribué. Le plan d’eau est désert en cette fin d’après midi, le vent établi. Kribi glisse avec douceur en faisant fi de la petite houle. Le temps est suspendu. Je suis heureux de partager ce moment avec mon frère et mon fils, de sentir les éléments qui nous entourent et le comportement rassurant de Kribi.
Épilogue
Le moment était à part mais la traversée n’a duré en réalité que quelques minutes. J’attache solidement Kribi avec une double amarre en assurant les bouts à plusieurs endroits. Ben me presse gentiment et je rejoins la petite equipe à bord du semi-rigide. En s’éloignant je contemple pour la première fois la magnifique ligne de mon bateau sur l’eau.. et je me rends compte que j’ai oublié de rentrer les pare-battages !
Bye bye Kribi, à demain pour le premier gréement.