Le hauban se fait la malle

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Cette ultime sortie voile de 2022 s’effectue en compagnie de mon frère Eric et de mon fils Xavier. Une virée entre hommes, quoi. Le thermomètre affiche 10 degrés avec un vent de Nord à 9 nœuds, soit un force 3 sur l’echelle de Beaufort, de bonnes conditions en somme.

Il n’y a pas foule sur le plan d’eau. Il faut dire que c’est un poil frisquet et que la majorité des bateaux sont dejà hivernés à terre. On ne croise qu’un catamaran type Hobie Cat avec les deux équipiers au trapèze.

Je laisse la plupart du temps la barre à Eric et je m’occupe du réglage des voiles. Xavier lui préfère rester à l’abri dans la cabine : avec le pavillon relevé, il peut néanmoins profiter de la vue et s’amuse à scruter la ligne d’horizon aux jumelles.

Une fois encore, je trouve que le bateau a un comportement super agréable, Eric aussi est impressionné.

Le capitaine du jour
Xav à l’abri du vent

Mais en voile l’aventure n’est jamais très loin. Alors qu’on navigue tribord amure, je remarque un câble qui pend du mât à babord : je mets quelques secondes à realiser qu’il s’agit d’un hauban dont la fixation a lâché au niveau de la cadène. Flûte. Pour le moment, la situation reste sous contrôle car ce sont les haubans du bord opposé qui sont sous tension mais nous allons devoir virer dans quelques minutes et je dois impérativement réparer avant.

Nous choquons les voiles pour perdre de la vitesse et nous inflechissons légèrement le cap au grand largue pour ne pas pointer directement sur la rive et gagner un peu de temps.

Une rapide inspection du ridoir et je vois qu’il manque l’axe de fixation inférieur. La goupille qui le retenait a dû lâcher dans une manoeuvre et tous deux sont partis à la baille.

les pièces manquantes

Je me précipite dans la cabine où j’ai la caisse contenant le matériel d’accastillage et je la fouille consciencieusement. Je déniche un ridoir sur lequel je récupère un axe de fixation et sa goupille.

Je retourne ensuite sur le pont pour refixer le hauban. Je commence par desserrer le ridoir pour avoir du mou puis je m’applique à remettre l’axe et la goupille en prenant un soin tout particulier. Je ne dois surtout pas laisser echapper l’un ou l’autre. Heureusement le bateau est stable. Je finis par y arriver et je retend le ridoir. Ouf c’est tout bon et on peut virer, j’ai eu un bon coup de chaud !

Coup de chaud pour moi peut-être mais Xavier lui a froid et il faut penser à rentrer. Nous retournons au ponton puis je repars seul à la voile au corps mort. Attraper ce dernier quand il y a du vent et que je suis seul à bord dans un bateau qui n’a pas (encore) de gaffe n’est jamais évident mais je réussi à saisir la bouée assez rapidement. Manque de bol, je m’emmêle avec le bout d’amarrage qui était mal lové et je réussis l’exploit de passer l’amarre dans l’anneau du corps mort et de la ressortir directement pour le frapper au taquet. Autrement dit, mon bateau n’est pas amarré et part à la dérive. Je réalise le bazar et je fonce reprendre la barre en catastrophe puis je zigzague entre les bateaux amarrés avec un Kribi bien peu manœuvrant. Je lui fais décrire une grande boucle et je reviens au corps mort que je parviens à attraper non sans peine et à amarrer le bateau. Deuxième ouf de soulagement de l’après-midi !

La morale de l’histoire

Concernant le ridoir, j’ai eu de la chance d’avoir ma trousse à accastillage à bord. Je ne l’avais pas lors des premières navigations et je l’avais ramenée ensuite à bord par acquis de conscience. Si je ne l’avais pas eue (et la chance d’avoir un ridoir en spare), je ne sais pas trop ce que j’aurais fait. Le plus logique quand j’y pense aurait été de récupérer une petite manille voire un bout pour refixer le hauban mais c’est facile à imaginer a posteriori, je ne sais pas si j’aurais eu cette présence d’esprit à chaud.

Morale : toujours avoir une trousse à outils et de l’accastillage de secours à bord.

Concernant la bévue au moment d’amarrer le bateau, j’ai clairement manqué à mes obligations. D’habitude, je fais en sorte d’avoir toujours une amarre “propre” à l’avant comme à l’arrière. Là comme j’avais des invités, je me suis un peu relâché et j’avais laissé l’amarre avant en vrac. Démêler ce sac de noeuds au moment de s’amarrer n’était de loin pas idéal et et la sanction a été immédiate.

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Morale : toujours ranger correctement l’équipement de navigation

et avoir un pont bien dégagé !

A ne pas oublier à la prochaine saison !

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