Saison 2022 – Clap de fin

Temps de lecture : 6 minutes

À Plobsheim, tous les bateaux doivent être hors de l’eau de début décembre à la mi-mars, c’est le règlement de l’Union nautique de Plobsheim (UNAP) qui gère la base. Cela pour des raisons de sécurité . En hiver, les bateaux sont soumis à des contraintes importantes et peuvent rompre leurs amarres. Certaines années (de plus en plus rares, il est vrai) le plan d’eau peut être totalement pris dans la glace.

De toute façon, vu qu’on ne navigue pas ou très peu à cette période de l’année, le bon sens recommande d’hiverner les bateaux à terre

Comme pour la mise à l’eau, j’ai fait appel à Ben, un moniteur de mon club qui a accepté une nouvelle fois de m’aider.

Ayant terminé de remplacer les patins de la remorque quelques minutes avant son arrivée, je décide d’aller au bateau pour le ramener au quai. Le vent, orienté sud, souffle à une dizaine de noeuds et il fait 9°C. Je sens que ça ne va pas être une partie de plaisir de rejoindre Kribi avec mon annexe et son unique rame.

Bateau-stop

Je me rends à la cale de mise à l’eau et j’aperçois deux pêcheurs en train d’embarquer. Je me dis que c’est une bonne occasion de m’essayer au bateau-stop et je leur demande s’ils peuvent m’emmener jusqu’à mon bateau situé à 120 mètres de là.

Ils acceptent avec bonne humeur et nous voilà partis. Mes sympathiques compagnons sont des passionnés de pêche (il faut l’être pour passer la journée sur l’eau un jour comme aujourd’hui dans l’humidité et le froid) et disposent d’un équipement impressionnant, en particulier un sondeur à grand écran sur lequel se dessinent en direct des diagrammes et cartographies incompréhensibles pour le profane que je suis.

Le genre d’écran dont est équipée la barque (image d’illustration)

Leur barque est propulsée par un moteur électrique (les moteurs thermiques sont interdits sur le plan d’eau sauf pour les bateaux de sécurité). Je n’avais jamais eu l’occasion d’en voir un en fonctionnement et pour le coup, je ne suis guère emballé. Il est certes quasiment silencieux mais franchement poussif : la barque avance très lentement et il nous faut de longues minutes pour rejoindre le corps mort de Kribi. Je les remercie chaleureusement et je saute à bord.

Retour au ponton

Je décide de ne gréer que la grand voile et tandis que je m’y emploie, j’aperçois Ben qui arrive sur le quai. Il me fait signe et va m’attendre sur le petit ponton de la cale nord.

Je largue les amarres, fais décrire une boucle à Kribi et arrive au ponton bout au vent à faible vitesse. Je lance une aussière à Ben qui l’attrape et m’amarre au ponton. Je suis fier de ma manœuvre, réussie du premier coup malgré les conditions de vent et de courant.

Illustration de la manœuvre

Difficile sortie de l’eau

Je salue Ben qui me demande après quelques instants qui d’autre va nous rejoindre. Un peu gêné, je lui réponds qu’il n’y a que nous deux. J’aurais pu demander à Eric ou à un copain de m’aider mais je n’y ai pas du tout pensé.

Ben va chercher la remorque avec sa voiture et la positionne en haut de la cale. On fixe le câble du treuil à la remorque puis on la fait descendre dans l’eau en l’immergeant totalement.

On essaye ensuite de placer le bateau dessus mais ça se révèle compliqué. En effet, il faut que la quille vienne se loger dans un espace précis au milieu de la remorque, ça se joue à quelques millimètres.

L’astuce, comme me l’explique Ben, c’est de se repérer par rapport au support avant de la remorque. La proue doit être placée à l’exacte position qu’elle occupait avant la mise à l’eau. Je fouille dans mon téléphone à la recherche d’une photo de Kribi sur sa remorque et j’obtiens l’information recherchée.

Le support avant de la remorque épouse l’étrave au niveau de la ligne de flottaison

Sauf qu’avec le courant, Kribi a tendance à se mettre de travers. De plus, il est difficile de voir s’il est bien positionné car même s’il n’y a qu’un mètre de fond environ, on ne distingue rien sous l’eau. Enfin à deux, c’est difficile de maintenir le bateau dans l’axe.

On répète l’opération à plusieurs reprises en suivant les instructions de Ben. A chaque fois, je pense que c’est la bonne mais lorsqu’il actionne le treuil pour remonter la remorque, on s’aperçoit que le bateau n’est pas bien positionné. Une fois, alors que la remorque remonte et que Kribi cesse progressivement de flotter, il glisse et se couche sur le flanc dans un vacarme peu rassurant. Nous faisons redescendre la remorque dans l’eau, Kribi gémit et finit par se redresser. Heureusement il ne semble pas avoir subi de dommages.

Je commence à douter qu’on y arrive à deux et je songe à appeler mon frère en renfort mais à l’idée qu’il faudra au minimum 3/4h à Eric pour nous rejoindre, je renonce.

Je finis par aller dans l’eau jusqu’aux cuisses ce qui me permet de mieux orienter le bateau sur les indications de Ben. La cale glissante offre peu d’appuis et je dois lutter pour ne prendre un bain intégral. Nous refaisons plusieurs tentatives et au bout d’un moment, Kribi semble bien positionné. On remonte une nouvelle fois la remorque à l’aide du treuil. Kribi tangue dangereusement et je me dis qu’il va se coucher une nouvelle fois mais d’un coup il se remet à la verticale. Cette fois c’est la bonne, la quille est parfaitement calée et on peut le remonter sur la terre ferme avec soulagement. Il nous aura fallu dans les 40 minutes d’efforts mais j’ai l’impression que ça duré des heures.

Hivernage

Je prends le temps d’inspecter la coque puis c’est parti pour un lavage à grande eau. C’est physique, je frotte aussi fort que je peux à la brosse car je sais que c’est plus facile de nettoyer maintenant que losque les divers dépôts auront séché. Le safran qui avait pris une teinte sombre retrouve son blanc éclatant. Au bout de 20 minutes, je suis satisfait du résultat.

Ben attache la remorque à son véhicule et la ramène à son emplacement. Comme il est difficile d’effectuer le rangement bataille en marche arrière dans l’espace réduit disponible, Ben décroche la remorque et c’est à la main que nous la poussons sur les derniers mètres. Une famille qui passait par là vient spontanément nous aider, trop sympa.

Je remercie tout ce petit monde, en particulier Ben sans qui rien n’aurait été possible.

Je vide le bateau de son materiel et des ses voiles et je charge le tout dans la voiture. J’installe une bâche de protection en me servant de la bôme laissée à poste comme faîtière. J’ai fait le choix de ne pas démater Kribi cette fois ci, ça ne me semble pas nécessaire et ne pas avoir le pont encombré par le mât me facilitera l’accès à bord lors de mes visites.

Bon hiver ami Kribi !

Laisser un commentaire